Timimoun ou Adrar ........ Le courier d'hier m'a apporté beaucoup de journaux, une lettre d'Yvonne, une de papa recommandée et le colis tant attendu qui est arrivé à bon port sauf les raisins qui étaient moisis et que je n'ai pas pu goûter; la pipe est épatante et le restant est le bienvenu. Toute ces nouvelles du pays me font bien plaisir, mais cependant je n'ai jusqu'ici jamais langui un seul instant et il me tarde qu'une chose de retourner à Oran pour se reposer un peu et surtout pour avoir toutes les commodités usuelles, car vraiement on vit ici comme de vrais sauvages; on est vraiement tous dégoutant, mais on n'y fais pas cas et on reste sans laver sans raser et avec du linge de corps de plus de quinze jours. Pendant notre séjour à Oran nous avons vu la mission Citroën et la Renault nous avons appris qu'elles avaient atteint Tombouctou en sept jours; peut-être les journaux en parlent-ils en France, il y a de quoi car vraiement ces voitures font merveille et si l'on en avait à notre disposition pour faire le ravitaillement d'essence au lieu d'avoir recours aux chameaux qui mettent des semaines et encore lorsque les caravanes ne sont pas attaquées, on pourait faire Béchar Tombouctou en quatres jours et il n'y aura rien d'étonnant que la deuxiéme escadrille le fasse l'année prochaine, mais leur raid aura moins de charme que le notre et surtout moins de péripétie. Enfin pour l'instant nous allons descendre pour la premiere fois dans le Sud et j'ai encore de belles heures de vol à effectuer avant le retour à La Sénia. J'ai fait le compte que lorsque tout sera fmi j'aurai plus de 200 heures de vol, ce qui me fera une belle prime de rappel à toucher à La Sénia pour fêter le retour. . ............ . |
Timimoun le 12 février 1924 |
Chère Yvonne, |
Les nouvelles que je vous adresse aujourd'hui seront celles qui vous parviendront du plus loin possible non pas que Timimoun soit le terme de notre raid, mais pas ce que à partir d'aujourd'hui nous n'auront plus de liaison par avion avec Béchar d'ici notre retour ici. Nous partons demain pour Taourirt, puis le groupe du lieutenant De Romanet poussera sur Ouallen, Tessalit et la direction de Tombouctou. Si l'essence est arrivée à Tessalit peut-étre atteindrons nous Bourem et alors l'atterrissage à Tombouctou est certain, car on n'aura plus qu'à dévier sur la droite avec l'essence des autos chenilles Citroën qui viennent d'atteindre cette localité. Mais encore on n'y est pas car si sur la carte on est vite arrivé, il y en a des kilomètres et des heures de vol d'étape à l'autre; on a le temps de lire tout un roman là-haut car le paysage n'est pas des plus varié, toujours du sable que du sable! ................ . |
......... Je ne vois pas grand chose de plus à vous dire si ce n'est de vous répéter que je ne m'en fais pas, et d'être tranquille à mon sujet, car quoiqu'il y ait un certain petit danger dans ce raid, j'ai confiance, comme tous, que ça va continuer à gazer. J'espère mardi prochain, vous donner d'ici quelques détails sur le raid accompli. Ma lettre arrive demain à Béni-Abbès et après demain à Béchar pour prendre le train de vendredi qui l' amènera à Oran samedi matin, pour prendre le bateau le soir, arrive le lundi matin à Marseille et vous l'aurez mardi prochain sûrement. Que de trajet elle va faire en huit jours ! te dire que les Sahariens qui sont ici reçoivent des lettres de vingt jours, lorsqu'elles arrivent encore! Je pense ma chère Yvonne, que tu vas ajouter ces cartes à ta collection, j'en ai encore beaucoup à t'envoyer, et puis quand je serais de retour à Oran je prendrais 48 heures pour aller à Alger, avant de venir en permission, et j'achèterai encore d'autres vues, qui seront pour moi un bon souvenir. Je termine en vous embrassant tous très fort. Léon |
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